le blog shellydoll

Bi
En 1996, j’étudiais l’anthropologie à l’Université de Montréal. Les étudiants de mon groupe étaient sympathiques et j’espérais bien en trouver un en particulier à conquérir. Dès mon premier cours de la session, je l’ai repéré. Guy : beau, grand, cheveux blonds et regard sauvage. J’appréciais les hommes dans ce genre-là, animal fauve prêt à vous sauter dessus à l’instant propice. Les gars ne semblent pas vraiment compliqués sur ce point. On lève le petit doigt et hop! ils vous font monter au septième ciel. Il ne nous reste qu’à choisir lequel nous ouvrira les portes du paradis. J’en parlais avec mes nouvelles copines d’anthropo et elles demeuraient toutes du même avis. Les gars, on doit se les taper et en prendre plaisir, sinon on risque d’y laisser notre peau. Toutes restaient unanimes: Guy se classait parmi les hommes virils bien membrés. Était-il intelligent? Je m’en moquais, ce n’était pas ce que je recherchais. Surtout pas un type plus malin que moi. Tant qu’il fera voler les draps, je le garderai sous mon aile, ou je devrais plutôt dire, dans mon lit! Après quelques démarches pour séduire Guy, il m’invita machinalement à sortir. Ce n’est pas peu fière de moi que je fouillais dans mon agenda à la recherche d’un semblant de rendez-vous. Son regard trahissait cette supposée confiance inébranlable qui, il espérait, n’allait pas flancher aujourd’hui. Ça m’amusait de le voir frémir ainsi, crispant ses muscles, gardant la tête droite et haute. Et puis, je refermais finalement mon horaire du temps pour lui proclamer avec mon sourire charmeur qu’il n’y avait pas de problème. Le soir même, on s’est retrouvé dans un bistro coquet à discuter de ce qui le branchait, le football. Des heures à répéter des « ho! » et des « ah! oui! » d’enthousiasme simulé. Ah! Que de sacrifices pour avoir au bout du compte ce que je désirais le plus : une bonne baise! Enfin, le retour à l’appartement pour un dernier verre se faisait imminent. Guy commençait à devenir collant et il me toisait, l’air béat. Sa main me frôlait au passage lorsque nous marchions côte à côte. Je croyais que l’affaire était dans le sac… Une fois chez lui, Guy, la tête dans le frigo, cherchait quelque chose pour se rincer le gosier. J’entendais sa respiration prenant des airs de panique. Puis, il m’annonça, avec un petit sourire gêné, qu’il devait se rendre au dépanneur. M’installant confortablement dans un gros fauteuil, je commençais à feuilleter un magazine. Un cliquetis dans la serrure me surpris; il devait avoir oublié son portefeuille. Je m’élançais telle une jeune gazelle dégourdie dans sa direction. Je m’arrêtais net en apercevant une jeune femme. Elle me dévisagea, confuse, puis ses traits se détendirent ayant l’air d’avoir saisi. Elle se présenta; elle s’appelait Shala. Elle s’est mise à rire lorsque je lui ai raconté les bévues de son coloc, un rire doux, dégagée de toute pudeur. Pendant les va-et-vient de Shala dans le logement, je me suis surprise à la contempler. Oui, en effet, elle était resplendissante. Les cheveux noirs de jais, les yeux clairs, la peau basanée, sa mini-jupe flottait gaiement autour de ses cuisses satinées. On discuta de tout et de rien. Je me sentais merveilleusement à l’aise, tellement que j’avais oublié Guy. Lors d’un instant de silence, je ne pus me retenir de porter mes yeux sur ses jambes. Ensuite, je fis un effort pour regarder distraitement ses seins. Je l’enviais, elle semblait parfaite en tout point. La sonnerie du téléphone me ramena à la réalité. Tout en conversant avec son interlocuteur, Shala, tournée vers moi, me souriait. C’était Guy; il avait rencontrer un copain en chemin, le radiateur de sa voiture était tombé en panne. Soudain, je pris conscience que je n’avais plus envie de me faire baiser par lui. Non, pas de baise pour ce soir. J’étais définitivement hypnotisée par la beauté chaude de Shala, ses yeux, sa peau, son odeur. Comme si elle lisait mes pensées, elle s’approcha de moi. Je ne savais pas ce qu’elle désirait. J’avais le souffle court, les mains moites et mon corps transpirait comme jamais. Elle était maintenant tout près, assez pour me toucher, me sentir à tout le moins. Elle entreprit alors de passer sa main sur mon bras droit, remonta jusqu’à mon épaule prenant le soin d’effleurer mon sein au passage. Mes bouts se dressèrent fièrement pour révéler leur présence et leur désir de se faire prendre à pleine main. Elle souriait, me contemplait. Une haleine chaude coula dans mon cou. Ensuite, des mains s’y posèrent comme si elles voulaient m’étrangler. Loin de moi l’idée d’esquiver cette imposition charnelle; j’aimais mieux mourir ici que de repousser cette prise de contrôle enivrante. La belle détacha un à un les boutons de mon chemisier. Mes seins se découvrirent peu à peu. Shala semblait satisfaite de les voir ainsi dénudés, excitée de constater que je ne portais pas de soutien-gorge. Ses touchers se firent oppressants, voulant tâter chaque bout de chair vierge de tout toucher féminin et délicat. Comme si les hommes avaient les mains sales et n’appréciaient pas les beautés de la femme, sa fragilité, ses subtilités. Les gestes de Shala devinrent plus précis. Celle-ci contournait la rondeur de mes deux oranges. Des frissons incroyables parcouraient maintenant tout mon corps. Ses lèvres charnues s’approchèrent des miennes. Je voulais la goûter, mêler ma salive à la sienne, lécher sa bouche, ses lèvres, posséder sa langue. Le lesbianisme se révélait à moi en une foule de petites attentions. Je ne me sentais pas obligée de rendre ses caresses, ou de partager des baisers oppressants, des positions acrobatiques. Shala me prit la main et m’entraîna sur le canapé. De la sueur ruisselait entre mes seins. On la voyait reluire à la lumière tamisée de la lampe. Elle s’affaira à lécher mon ventre puis mon bas-ventre près de mon pubis. J’avais bien peur qu’elle ne descende plus bas. Que ferais-je si elle se décidait à enlever mon jeans et ensuite ma culotte pour... Ha! mon Dieu! je ne pourrais pas la laisser me brouter comme mes amants sans scrupules savaient si bien le faire! C’est assez embarrassant une femme entre tes jambes qui savoure tes organes génitaux et qui veut te faire jouir par-dessus le marché! Comment pourrais-je m’éclater à la seule pensée que c’est une femme qui me fait ça? Elle continuait son ascension vers mon Mont de Vénus, elle gravissait les échelons un à un vers l’atteinte de l’apogée; à partir de là, je ne pourrai plus faire marche arrière. Soudain, un doigt s’introduisit en moi sans crier gare. Il fouilla chaque recoin de la paroi de mon vagin, tâta ses imperfections, sa rugosité, ses points sensibles. Shala cherchait ce qui me plaisait, ce qui me ferait jouir. Un doigt de son autre main commença à rouler mon clitoris doucement, puis il accéléra jusqu’à exprimer un mouvement de moulinet à ce petit bout de chair enfoui dans mon coquillage. Au bout de quelques minutes de ces caresses, je me suis redressée sur les coudes, haletante, ne pouvant en supporter plus. Elle me scruta attentivement pour savoir si j’étais satisfaite ou non. Elle en déduit rapidement que oui : lasse et exténuée, j’avais néanmoins les joues en feu. Elle attendait mon approbation, prête à se lancer à nouveau, tête première, dans le régal de ma tendre vulve. Sa langue frétillante cherchait mon clito. Une fois sur le point sensible, elle n’hésita pas et l’enroba de salive, de caresses buccales, de mordillements. Je me laissais bercer sur les vagues du plaisir, les lèvres frémissantes, les yeux révulsés. Mes mains s’agrippaient tant bien que mal aux rebords du canapé, aux coussins qui y étaient éparpillés. Elle ne lâchait pas prise, la belle. Et moi qui ne faisait rien pour qu’elle jouisse elle aussi! Non, je me devais d’être égoïste, de profiter de ces instants de bonheur divin. Alors que j’allais atteindre le nirvana, elle arrêta son manège brusquement. J’ai failli à cet instant lui crier : « Hey! Tu n’as pas le droit de te retirer! Continue! C’est moi qui commande! » La porte venait de se refermer et Guy se tenait là, la gueule pendante, gelé sur place. Me ressaisissant après quelques secondes, je me rhabillai en vitesse. Je quittais l’appartement prestement, sans rien ajouter. Moi qui croyais dominer sauvagement un homme au lit, je suis tombée sous l’emprise d’une femme. Qui l’aurait cru?

Jeu 25 jan 2007 Aucun commentaire